SUD OUEST / 04 avril 1998

ASSANIES

ASSANIES

Bien sûr, c’est un objet bizarre. Un bel objet étrange, non répertorié dans l’annuaire des genres. S’affirmant comme tel, ni spectacle, ni histoire, « Assanies » relève néanmoins des deux, y compris dans son souci d’interroger les formes. Soucieux de ne pas tomber dans les codes habituels, Michel Schweizer a proposé le fruit de sa réflexion à travers ce « protocole » qui demeure un spectacle, comme si cela ne pouvait être autre chose, par une sorte d’évidence ontologique. Il se trouve qu’en dépit de son étrangeté, « Assanies » fonctionne plutôt bien, mêlant humour et gravité, questions existentielles et petits joyaux de silence. Il y a en effet de très belles choses dans ce spectacle (c’est encore le terme qui convient le mieux), où les expressions se mêlent et s’enchaînent dans une atmosphère quasi religieuse.
Alors qu’on aurait pu craindre l’envahissement de la technique (micros, ordinateurs, vidéos, écrans, etc.), c’est au contraire un rituel minimaliste et délicat qui prend le pas, l’essence d’un projet qui interroge les corps, décortique le cerveau, analyse fécondation, clonage et autre parthénogenèse.
Repenser réellement le rapport entre l’œuvre et le public, la question hante sans cesse le plateau où le public est convié à se rappeler qu’il existe, dans une salle de théâtre qui demeure un théâtre.

Sophie Avon